Capitales culturelles : quelles attentes en termes de retombées collectives ? Une analyse lexicale multidimensionnelle : Tlemcen 2011 et Marseille 2013

auteurs

  • Hernandez Solange
  • Belkaid Esma

mots-clés

  • Comparaison internationale
  • Culture
  • Management territorial
  • Marseille
  • Tlemcen
  • Analyse lexicale
  • Iramuteq-Alceste
  • Parties prenantes
  • Développement local

type de document

COMM

résumé

L'attractivité et la compétitivité des territoires sont des préoccupations assez traditionnelles pour les responsables politiques. Elles ont néanmoins connu un grand essor et un surcroît de diffusion depuis le début des années 2010 et la détérioration de la situation économique en France. Nous les retrouvons donc au coeur des discours des décideurs publics, en particulier en ces périodes économiques difficiles, mais plus seulement. Ces thématiques sont aujourd'hui très largement reprises par des parties prenantes, représentant des intérêts privés (chefs d'entreprise, représentant de groupes industriels, etc.). Les récents mouvements de protestation bretons illustrent cela. Progressivement, les questions de compétitivité ont gagné la scène de l'intervention publique territoriale : comment les territoires, et les autorités qui en ont la responsabilité légale, peuvent-ils se positionner par rapport aux choix de localisation des activités publiques et privées ? Il s'agit d'être choisi pour accueillir des activités variées (production industrielle ou tertiaire, événementiel, tourisme, économie résidentielle, etc.), permanentes ou temporaires. En effet, la compétitivité des territoires désigne leur capacité à contribuer à la création et au développement d'activités économiques, à attirer et retenir les hommes comme les capitaux (Prager, 2005, p.33). Cette capacité à être choisi comme localisation d'activités et à répondre aux pressions de la « concurrence » qu'il subit, est considérée comme déterminante pour assurer un niveau de développement satisfaisant aux acteurs de ce même territoire (Hernandez, 2008). Certaines définitions insistent d'ailleurs davantage sur les conséquences sociales de la compétitivité territoriale. C'est souvent le cas des institutions internationales qui la définissent usuellement comme la capacité d'un espace à améliorer et accroître durablement le niveau de vie de ses habitants. La Déclaration de Lisbonne de l'Union Européenne (2000) complète cette définition avec la mention « avec des emplois plus nombreux et de meilleure qualité et une plus grande cohésion sociale » (Debonneuil, Fontagné, 2003). L’essor de la notion de compétitivité territoriale s’est accompagné de celle d’attractivité territoriale. Elle est rarement définie en tant que telle, car elle est le plus souvent envisagée comme une composante essentielle de la compétitivité territoriale. Généralement, elle recouvre l’ensemble des éléments tangibles et intangibles susceptibles d’attirer ou de conserver un acteur (personne physique ou morale et ses activités) ou les flux qu’il génère (par des productions, des consommations, des investissements , des transferts sociaux, des subventions, etc.) sur un territoire. Cette attirance a une vocation soit permanente (habitants, entreprises, centres de recherche, etc.), soit temporaire (touristes, visiteurs, etc.), en fonction des cibles établies (Hernandez, 2008). Parmi les champs d’intervention publics pouvant (devant ?) permettre aux territoires (et aux entreprises) de sortir victorieux de la course à la compétitivité, nous trouvons en bonne place l’événementialisation, dans les domaines sportifs ou culturels. Nous nous concentrons ici sur ce dernier. L’organisation d’événements, d’ampleur très variés, est aujourd'hui devenue une norme du management public territorial. Les attentes des acteurs locaux envers ces manifestations, dans toute leur diversité, sont nombreuses et pour dire, assez hétérogènes. Nous trouvons des externalités positives espérées, peu hiérarchisées et présentées parfois de façon confuse. Des recherches significatives ont été menées sur ces questions, dont quelques unes portent sur les événements territoriaux de Capitale européenne de la culture. Mais cette événementialisation n’est pas un phénomène spécifiquement européen ou occidental. En effet, en Afrique et en Asie, des événements assez similaires dans leur appellation, se déroulent également depuis 2005 : il s’agit des Capitales de la culture islamique. Trois villes obtiennent chaque année ce titre : respectivement pour l’aire arabe, africaine et asiatique. Ainsi, pour l’aire arabe, plusieurs villes méditerranéennes ont été l’hôte d’un tel événement, à l’image d’Alexandrie en 2008 ou plus récemment de Tlemcen en 2011. Nous avons déjà eu l’occasion de comparer le management territorial des métropoles marseillaise et tlemcennienne (Hernandez, Belkaid, 2013). Nous souhaitons aborder cette comparaison à présent sous l’angle de l’événementialisation culturelle : Quelles sont les attentes associées à l’événement mises en avant dans des documents publics (presse, parties prenantes organisatrices, observateurs scientifiques) ? Est-ce que celles associées à Marseille 2013 sont les mêmes que celles associées à Tlemcen 2011 ? Et est-ce que ce sont les mêmes que celles qu’on retrouve dans la littérature ? Pour répondre à ces interrogations, nous présentons tout d’abord une analyse de la littérature disponible sur ces questions, en insistant particulièrement sur les retombées espérées ou engendrées par les événements « Capitale de la culture ». Nous exposons ensuite la combinaison d’analyses statistiques textuelles (menées grâce au logiciel IRAMUTEQ) que nous avons mobilisée pour étudier deux de ces événements : Tlemcen 2011 et Marseille-Provence 2013. Enfin, nous révélons les résultats de notre étude empirique et les mettons en perspective avec les apports de la littérature dans la dernière partie de cette communication (discussion).

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