Concilier les antécédents de la complexité institutionnelle des projets numériques de médiation culturelle

auteurs

  • Kubler Bérénice

mots-clés

  • Complexity - Frontier object - Digital cultural mediation project - Museum organisation
  • Complexité – Objet frontière – Projet numérique de médiation culturelle – Organisation muséale

type de document

THESE

résumé

Les musées évoluent dans un environnement complexe, somme de vagues successives de mutations depuis les années 80 (phénomène de « muséomanie », raréfaction des ressources, introduction de logiques gestionnaires et commerciales, structuration autour de stratégies de diversification, numérisation). Ces mutations mettent à jour un écosystème muséal à plusieurs vitesses (Ballé, 2003 ; Chatelain-Ponroy, 2008 ; Poulard, 2007) qui révèle certaines inégalités particulièrement en matière numérique. Des stratégies numériques ambitieuses sont conduites par les musées et de nombreux dispositifs numériques ont été mis en place (bornes, applications, parcours connectés, réalité virtuelle et augmentée, etc.). Toutefois, professionnels et chercheurs font état de difficultés rencontrées lors de la conduite de projets numériques (livrable qui ne correspond pas tout à fait aux attentes, problèmes de maintenance, difficultés à prendre en main le backoffice, manque d’adhésion, etc.). Ces éléments ont alors un impact fort sur l’expérience de visite muséale et entraînent une tendance à la gadgétisation où le numérique se présente davantage comme une surcouche sans être réellement intégré aux muséographies. Cela nous a conduits à questionner les facteurs susceptibles de conduire à cette situation, que l’on pourrait qualifier d’absurde si l’on considère le temps, les moyens humains et financiers inhérents à la mise en place de tels projets. La conduite de projets numériques de médiation implique la collaboration d’acteurs issus de groupes professionnels hétérogènes (professionnel du secteur muséal et prestataires extérieurs), porteurs de logiques pouvant soit s’hybrider (Battilana et Dorado, 2010 ; Battilana et al., 2017) soit rentrer en conflit (Lounsbury et al., 2021). L’objectif de cette recherche doctorale est double : 1. Comprendre et de caractériser la complexité induite par la collaboration des acteurs du secteur muséal et des prestataires de solutions digitales. Pour ce faire nous ancrons nos travaux dans les théories néo-institutionnelles et mobilisons le modèle de la complexité institutionnelle proposé par Greenwood et al. (2011). 2. Explorer les techniques et outils mis en place par les professionnels impliqués pour favoriser la mise en oeuvre de ces projets numériques. Pour ce faire nous mobilisons le concept d’objet frontière proposé par Star et Grisemer (1989) qui permet d’envisager la coordination de l’activité scientifique d’un groupe d’acteurs hétérogènes. Dès lors nous proposons de répondre à la problématique suivante : « En quoi l’objet frontière permet-il de concilier les antécédents de la complexité institutionnelle dans les projets numériques de médiation culturelle ?». Nous adoptons un mode de raisonnement fondé sur l’enquête pragmatiste (Dewey, 1938 ; Pierce, 1958, Lorino, 2020) qui partant d’une situation indéterminée, ici la complexité des projets numériques de médiation culturelle, permet de manière itérative de donner du sens à la situation ou d’identifier de nouvelles situations problématiques. Le design méthodologique s’articule autour de trois études visant à identifier les logiques institutionnelles propres aux musées de société (1), à questionner les perceptions et représentations sociales des professionnels impliqués dans ces projets (2) et à analyser en profondeur le projet numérique mis en place par deux musées de société (3).

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